Le suicide assisté en débat ? Que peut-on en dire ?

Gérard Courtois

Directeur Général d’association pour personnes polyhandicapées

 

Le film Quelques heures de printemps est d’ores et déjà salué pour la force de l’histoire, pour la qualité des acteurs à transmettre les ressentis, Ce long métrage est intense, fort en émotions, dramatique aussi avec ce poids des sentiments tus.

Si la mort décidée par l’un (la mère, Yvette) et subie par l’autre (le fil,  Alain) semble permettre enfin, au moment de l’épilogue, l’expression de l’amour ; la question reste posée, ouverte. Aucun parti pris, chaque spectateur peut quitter la salle avec ses interrogations, ses doutes, ses certitudes sur cette question du suicide assisté.

En revanche, celui de la solitude des êtres, celui de l’impuissance face à l’impossibilité de briser le mur du silence dérange, révolte et pose bien l’absurdité du non-dit qui enferme l’être.

 

Si la mère et le fils s’étaient dit l’amour les liant, plus paisible aurait sûrement été leur quotidien et peut-être qu’aussi, une autre mort se serait offerte à la mère de ce fils livré seul aux affres de la destinée !

Mais le film interroge plus encore, me semble-t-il sur les modes d’accompagnement que notre société tente de mettre en place au service de l’humain. L’accompagnement n’arrive-t-il pas trop tard avec des choix pressentis et des réponses inexorablement en harmonies avec les courants de pensées du moment ? L’accompagnement ne s’envisage-t-il pas que face à l’évènement redouté — oubliant toute l’histoire et l’environnement liés des intéressés qui devraient pourtant tenir la première place et toujours être pris en compte ?

Le voisin semble avoir offert modestement bien plus que tous les services médicaux ou sociaux qui sont passés impuissants ou aveugles à côté de la violence, de la solitude et de la détresse quotidienne d’Alain et sa mère avant même l’arrivée de la maladie. C’est bien de cet abandon dont on ressort aussi bouleversé.

 

Quant à cette question du suicide assistée, je sais, au sortir de la projection, me concernant c’est de ma fin de vie qu’il pourrait s’agir. Je me rappelle alors que je ne suis pas seul au monde.

Laisserai-je à « mon monde » un droit d’expression et d’influence pour mes décisions ? Ai-je le souhait qu’il me retienne ? Arrivera-t-il à me dire qu’il tient à moi ?

En tiendrai-je compte ? Je l’espère.

 

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