Euthanasie : changer la loi ?

Pierre Le Coz

Maître de conférences en philosophie, Aix-Marseille Université 

 

À l’occasion de l’élection présidentielle, certains candidats promettent un nouveau cadre législatif qui dépénalisera l’euthanasie. À la demande d’un homme atteint d’une maladie incurable, la société autorisera de répondre par l’administration d’une substance létale afin qu’il puisse mourir dans la dignité. Il est vrai qu’en ces temps de crise économique, il est plus facile aux responsables politiques de nous promettre un droit de mourir qu’un droit de vivre dans la dignité.

Pour autant, de la part d’esprits qui se veulent progressistes, on aurait pu s’attendre à un peu plus de prudence. On leur rappellera la mise en garde de Montesquieu : « On ne doit légiférer que d’une main tremblante. » 

Historiquement, on doit aux pères fondateurs du socialisme d’avoir alerté les consciences sur le poids de l’argent dans la déshumanisation des relations au sein de la cité. Est-il opportun d’envisager de légaliser l’euthanasie à une époque de grand désarroi, sur fond de pauvreté sociale et de niches fiscales, où le seul projet de notre société se ramène à éponger la dette publique pour éviter au pays de sombrer dans la faillite ?

 

Dans ce monde de guerre ultralibérale de tous contre tous, autoriser un homme à en faire mourir un autre permettrait de retrouver foi en l’idée de « progrès ». Le maintien de l’interdit de donner la mort, en revanche, serait le résidu d’une mentalité judéo-chrétienne, entretenue par le conservatisme de quelques esprits rétrogrades.

En ce cas, néanmoins, comment expliquer qu’à l’échelle mondiale, il n’existe aucun pays démographiquement comparable au nôtre qui ait admis une loi autorisant l’euthanasie ? Par leur esprit de sollicitude et de fraternité, les soignants et les aidants quotidiennement présents auprès des malades en fin de vie nous délivrent un message humaniste qui n’en revêt qu’une plus grande valeur symbolique : l’euthanasie n’est pas la seule alternative à l’acharnement thérapeutique.

 

1 comment to Euthanasie : changer la loi ?

  • paul

    Bonjour,
    Oui un sujet très « clivant ».
    Pas évident de faire la part des choses.
    J’ai souvent eu des positions très tranchées sur le sujet au cours de mon existence, jusqu’au jour où j’ai eu la possibilité de rédiger un « testament de vie ». Pour ceux qui ne savent pas ce que c’est, essayer de trouver un petit essai rédiger par une mamie octogénaire qui pète le feu : Anne-Marie Anthony. Le livre s’appelle « Mourir, oser s’y préparer. Le testament de vie » (je vous laisse chercher sur Internet.)
    Le testament de vie est à mon humble avis le meilleur moyen de s’affranchir des questions morales liées à l’indécision. Je vous citerai une phrase courte qui résume bien l’esprit du livre d’Anne Marie Anthony : Choisir sa mort, plutôt que la subir.

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