Dignité : celle du malade, celle de celui qui le soigne

par Sylvie FROUCHT-HIRSCH, Praticien hospitalier (anesthésie-réanimation), Paris

 

La dignité, une dignité, des dignités, l’indignité. Un patient, un soignant, un ami, une famille.
Les relations de vie entre les gens sont complexes, les conditions de vie rarement maitrisées. Le moment de la mort toujours inconnu.
Décider de tout nous rend-il plus digne ? Sommes-nous si crédules pour penser la vie idéale et la mener telle qu’elle doit être afin de penser la mort idéale, digne d’être vécue ? Qui est revenu témoigner de la dignité de sa mort ? La mort digne est elle obligatoirement publique ? Qu’est ce que mourir dignement si toute l’attention portée au corps mort disparaît ?
Mourir dignement peut être l’intention qui relève d’un constat d’échec :
Si je n’ai pas réussi ma vie, au moins je réussirai ma mort !
Il y a confusion avec la  maîtrise, certains pensent que faute de pouvoir intervenir, gérer leur vie, définir le moment de la mort est leur dernier espace de liberté. Mais en revendiquant de tels droits ils en deviennent encore plus dépendants. La dignité est inhérente, intrinsèque à l’être humain, à sa condition d’homme : elle ne aurait être  soumise à aucune restriction.
Le code de Nuremberg le rappelle avec force : le consentement est lui aussi inaliénable.
Pourquoi conditionner la dignité au regard de l’autre ? Dans cette société pseudo solidaire, tous sont dignes, et non pas digne de.
Cette restriction apportée au concept de dignité l’égare et la rend discutable, voire discutée, alors qu’il faudrait la considérer indiscutable.
Etre digne de rend conditionnelle la dignité et met en doute son existence, sa probabilité d’être. Ainsi distingue-t-on ceux qui sont dignes et ceux qui ne le sont pas.
Ceux qui sont dignes de, définissent les critères d’attribution du digne de. C’est une telle idéologie qui a conduit à la barbarie. Ne l’oublions pas.

 

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