Le marché du suicide assisté en Suisse

Julien Defoug

 

Un article paru dans la revue Études de février 2012 (tome 416/2) sur le suicide assisté en Suisse (« Le débat suisse sur les organisations d’aide au suicide » par Yves Rossier, directeur de l’Office fédéral des assurances sociales) offre un éclairage intéressant sur ces pratiques dans ce pays et attire l’attention sur leur aspect financier.

Comme le relève l’article, « La pratique du suicide assisté, particulièrement lorsqu’il est le fait d’organisations intervenant dans le débat public, comporte le risque d’exercer une pression par le signal que la société adresse ainsi aux personnes en situation de dépendance et de détresse. Prôner une « mort dans la dignité », avant l’irrémédiable détérioration des facultés physiques et mentales, présente le risque de mettre en cause la dignité, voire le sens même de l’existence des personnes âgées, impotentes ou handicapées et à les conforter dans le souci de ne pas s’avérer une charge pour leurs proches ou la société. »

 

Des associations exerçant une industrie à titre commercial

Les associations qui pratiquent le suicide assisté se déclarent comme non lucratives. Qu’en est-il dans la réalité ? Une des organisations concernées annonçait en 2007 des fonds en capital et en immobilier de plusieurs millions de francs suisses, des provisions pour membres à vie et des placements financiers de 4,5 millions de francs suisses. Dignitas, quant à elle, est inscrite au registre du commerce sous le titre d’« association exerçant une industrie à titre commercial ». Elle annonce un chiffre d’affaires d’1,4 millions de francs en 2008 et exige une avance minimale de 10.000 fr. par suicide assisté, soit près de 8 300 €.

Qu’il nous soit permis de citer la conclusion de cet article, qui résume bien les enjeux de ce débat: « De par son caractère public, professionnel, voire commercial, l’activité des organisations d’aide au suicide reflète notre attitude collective à l’égard de la faiblesse et de la dépendance. On peut y discerner, au-delà de la sacralisation rassurante de l’autonomie individuelle, les contours d’une société empreinte d’une radicale indifférence, d’une impitoyable dureté. »

 

1 comment to Le marché du suicide assisté en Suisse

  • Guirriec

    Parfaitement d’accord avec votre conclusion.Ce sont toujours les plus vulnérables, ceux qui ont besoin du soutien aimant des autres pour continuer à vivre qui se verront avoir une fin de vie misérable sous prétexte de charité, seuls et abandonnés ! Les médecins deviendront alors des vétérinaires mais avec des clients moins sympas que ceux qui se résignent la mort dans l’âme à faire piquer leur bête.