Euthanasie : Les vraies questions, les vraies réponses

Collectif Plus digne la vie avec le Groupe de travail «  Éthique, droit et santé »

 

France

 

Est-ce que la légalisation de l’euthanasie aurait été utile pour le jeune Vincent Humbert ?

Non, car Vincent Humbert n’était pas tétraplégique mais souffrait des séquelles d’un traumatisme crânien très sévère et présentait des séquelles neurocognitives très sévères, qui induisaient une diminution marquée de sa compétence. Jamais ce patient n’aurait pu signer devant un notaire un acte de vente par exemple.

 

Est-ce que la légalisation de l’euthanasie aurait été utile pour le jeune Hervé Pierra ?

Non, parce qu’il était inconscient dans un coma végétatif et qu’il n’avait pas rédigé des directives anticipées ni désigné une personne de confiance demandant à celle-ci de demander à sa place l’injection létale.

 

Est-ce que l’euthanasie est complémentaire des soins palliatifs ?

Non, car cela s’adresse aux mêmes populations. C’est antinomique, puisqu’en Belgique 85 % des euthanasies sont pratiquées sur des personnes atteinte d’un cancer dans leur dernière semaine, alors qu’ils pourraient bénéficier de soins palliatifs. De fait les euthanasies sont une alternative lors de l’absence de compétences en soins palliatifs ; par exemple en Belgique ce sont surtout les généralistes peu ou mal formés aux situations complexes de fin de vie qui pratiquent les euthanasies. Dans l’affaire jugée au tribunal de Périgueux (Saint-Astie) c’est le manque d’expertise pour soulager la malade qui a conduit à son euthanasie.

 

La loi Leonetti a-t-elle renforcé les droits des malades ?

Oui, Dans la continuité de la loi du 4 septembre 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santa, la loi relative aux droits des malades et à la fin de vie (loi Leonetti) et le décret du 29 janvier 2010 ont étendu les droits des patients en fin de vie. Ils ont obligé  les médecins à tenir compte des vœux que les patients auraient exprimés à travers une personne de confiance, des directives anticipées et à travers la saisine de la procédure collégiale d’arrêt de traitement. Au contraire la PPL accroît le pouvoir des médecins qui décident ou non le moment de la mort du patient et substitue ses droits à être soulagé par un pseudo droit à être supprimé.

Si on appliquait à la France le nombre d’euthanasies pratiquées en Flandre (2007) cela représenterait 40 euthanasies par jour ouvrable : 1, 9 % /550.000/250).

Soit plus de 10 000/an, 2,5 fois plus que les accidents sur la voie publique

 

 

Belgique, Pays-Bas, Suisse

 

Est-ce que les pratiques d’euthanasie et du suicide assisté en Belgique et en Suisse sont appliquées  systématiquement  sur des  patients incurables ?

Non, en Belgique, neuf cas d’euthanasie pour affection neuro-psychiatrique  ont  été déclarés  sur 2 ans dont quatre de dépression majeure (Rapport de la Commission fédérale d’évaluation et de contrôle 2006-2007).

 

Des chercheurs de l’Université de Zurich et de la Zürcher Hochschule für Angewandte Wissenschaften (ZHAW) ont analysé les cas de décès constatés par l’Institut de médecine légale de l’Université de Zurich entre 2001 et 2004. L’étude prend en compte 274 personnes accompagnées par Dignitas, ainsi que 147 personnes accompagnées par Exit (entre 2001 et 2004).  Entre 25 et 30 % des patients  suivant les associations en cause ne souffraient pas d’une affection incurable : « Il s’agissait pour la plupart d’entre eux de personnes âgées chez lesquelles plusieurs maladies avaient été diagnostiquées, comme par exemple des affections rhumatismales ou des syndromes de douleurs. »

 

Est-ce que la volonté des patients est systématiquement respectée en Belgique ?

Non, des études très récentes parues dans une revue médicale canadienne, la « Canadian medical association », ont mis en lumière des dérives notables dans les pratiques belges. Sur un échantillon de 208 personnes décédées à la suite d’une injection létale, 32 % n’avaient pas exprimé explicitement le souhait d’être euthanasiées.

 

Est-ce que les mineurs sont couverts par les pratiques d’euthanasie en Belgique ? 

Oui, Des nouveaux nés ont été euthanasiés, selon une publication scientifique belge, bien évidemment sans leur consentement. Une dépêche de l’AFP de mars 2009 révèle que vingt-six mineurs ont été activement euthanasiés au cours des deux dernières années en Belgique, par l’administration de drogues létales. Il s’agit d’une enquête publiée dans l’American Journal of Critical Care, portant sur les pratiques professionnelles de cent quarante et une infirmières et infirmiers affectés dans cinq des sept unités des soins intensifs pédiatriques du pays.

De plus, des socialistes et des libéraux flamands ont demandé l’extension de la loi aux « mineurs capables de discernement », leur demande d’euthanasie pouvant être orale. L’ADMD belge fait écho à cette revendication sur son site Internet : « Par ailleurs, il faudra envisager d’étendre le bénéfice de la loi aux mineurs d’âge, moyennant des précautions à étudier. ».

 

Est-ce que la procédure de contrôle appliquée en Belgique est rigoureuse ?

Non, on ne fera croire à personne que les 3443 euthanasies déclarées officiellement en Belgique entre 2002 et 2009 n’ont jamais posé de problème. Autant admettre que ce contrôle a posteriori  n’est qu’un leurre. C’est  la Commission fédérale d’évaluation et de contrôle  qui a la maîtrise de saisir le parquet de cas litigieux, ce qu’elle n’a jamais fait.

Alors que la 1/2 des euthanasies pratiquées en Flandre sont illégales (cf. ci-dessous) la Commission n’a connaissance que des euthanasies légales par définition … Par ailleurs des cas ont été rapportés par la presse remettant clairement en cause la capacité à consentir alors que la commission a validé sans discuter (patiente francophone ne parlant pas flamand et médecin recueillant le consentement ne parlant pas français).

 

Est-ce que la légalisation de l’euthanasie a supprimé les euthanasies clandestines ?

Non, 1,8 % en Belgique  des décès annuels sont dus à suite à l’administration d’une substance mortelle sans la requête explicite du patient et  sont donc parfaitement hors la loi. La commission de contrôle n’en a pas connaissance.

D’après les dernières estimations disponibles, le taux de signalement  des euthanasies aux Pays Bas était estimé en 2005 à 80 %, cela signifie un taux d’euthanasies clandestines de 20 % en 2005, ce qui fragilise les vertus de transparence prêtées à cette législation par ses promoteurs.

 

Est-ce que la méconnaissance de la législation légalisant l’euthanasie a donné lieu à des poursuites ?

Non, ni en Belgique ni aux Pays-Bas.

 

Est-ce que les euthanasies sont pratiquées exclusivement par des médecins là où l’euthanasie est légalisée ?

Non, une étude  parue dans le journal de la Canadian Medical Association révèle  en 2009 que dans 12 % des cas des euthanasies légales et 50 % des euthanasies sans la demande expresse du patient,  les injections létales ont été administrées par des infirmières et non par des médecins. Elle conclut que ces infirmières ont exercé illégalement ces tâches.

 

Est-ce que la légalisation de l’euthanasie est consensuelle en Belgique et en Hollande ?

Non, en Belgique des personnes âgées portent maintenant des cartes pour ne pas être euthanasiées. L’Ordre des médecins allemands fait état de l’installation croissante de personnes âgées néerlandaises en Allemagne notamment dans le Land voisin de Rhénanie du Nord Westphalie. S’y sont ouverts des établissements pour personnes âgées accueillant des Néerlandais notamment à Bocholt. Ces personnes craignent en effet que leur entourage ne profite de leur vulnérabilité pour abréger leur vie.

 

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